Les rites forestiers.

L'esprit des forêts - la forêt de Chaux - les vieux métiers

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 Aux origines du rite des Fendeurs

Selon nos traditions opératives nous ne pouvons ignorer qu’un charbonnier est aussi un fendeur. Comment pourrait-il construire sa meule sans au préalable couper son bois ? La coupe des bois s’effectue l’hiver quand la sève est en retrait alors que la fabrication du  charbon sera une activité de la belle saison.

Ce métier de fendeur est probablement encore plus ancien que celui de charbonniers. Dans l’Antiquité, ces métiers du bois étaient regroupés sous le même mot : les dendrophores, mot grec signifiant littéralement « porteurs de bois » et les lignarii, regroupant les bûcherons, les fendeurs, les charpentiers de haute futaie et de menue futaie (menuisier), les huchiers (fabriquant de coffres et par extension de meubles). Des collèges gallo-romains aux corporations du Moyen Age, ces métiers étaient appréciés et honorés.

 

 

Notre Vente « Pierre-Joseph Briot » est fondée sur les rituels des Bons Cousins Charbonniers du Jura déposés aux archives de Besançon (1801) et Dole (1835). Ce qui nous a paru évident vu notre implantation géographique. Ce rite est qualifié de « Grand Alexandre la Confiance » et il servira de support au carbonarisme dont Pierre-Joseph Briot sera le vecteur et l’artisan en Italie. Ceci est une page d’histoire de la Franche-Comté dont nous tenons à témoigner dans notre transmission.

Toutefois, notre intérêt se portant sur l’ensemble des rites forestiers, nous ne pouvions ignorer une autre branche, celle dite « des Modernes ».

 

 Visite de la Loge des Fendeurs de Mirecourt

Loge de Fendeurs

"Saint Jean le Parfait Désintéressement"

Rituel de Mirecourt 1760

Samedi 29 juin, sortie à Mirecourt dans les Vosges, visite de leur Vente de Fendeurs. Exclusivement réservée aux Maîtres Maçons également Forestiers titulaires du Grade de Fendeur. Inscription auprès de l'association l'Esprit des Forêts pour covoiturage. Voir article sur notre site dans l'onglet "Fendeurs privé"

 

 Le mystère des hâches sacrées ?

5 000 ans avant notre ère, les grandes haches polies en pierre de jade jouaient un rôle social et religieux de première importance au sein de peuples pourtant géographiquement très éloignés les uns des autres. Ce ne sont pas des outils mais des "objets-signes" ou symboles, "sacras" ou "regalias" ? Religieux ou de pouvoir ? Aujourd'hui encore, dans certains villages de Papouasie Nouvelle-Guinée, on considère la hache en pierre de jade polie comme un bien particulièrement précieux. Une fascination dont on retrouve des traces sur différents sites archéologiques européens, où les jades issues du Massif du Mont Viso, dans les Alpes Italiennes, pouvaient, au fil des rencontres et des échanges, voyager jusqu'en Bretagne, au Danemark, en Grèce ou en Sicile. Une diffusion inégalée dans le domaine des échanges à cette époque. Dans cette video du CNRS de Pierre et Anne-Marie Pétrequin, (lien sur photo ci-joint), vous pourrez visionner «Jade, grandes haches alpines du Néolithique européen » à la découverte de sites préhistoriques européens illustrant l'aura dont bénéficiait la pierre de jade polie, symbole de richesse et d'immortalité. En parallèle, se dessine un historique des découvertes archéologiques et des techniques employées par les chercheurs pour reconstituer l'histoire de la hache alpine dans l'Europe des Ve et IVe siècles avant J.C. La carte en dessous illustre la diffusion de cet objet symbolique à partir du nord de l'Italie, carrières néolithiques situées au pied du Mont Viso. La plupart de ces grandes haches ont été découvertes par hasard, hors contexte archéologique, hors des villages et des activités quotidiennes, et même hors des sépultures et du monde des morts (à l’exception notable du Golfe du Morbihan). On a  donc regroupé ces grandes haches dans la catégorie des objets de prestige, de parade et de cérémonie, avec un rôle assez vague et surtout en contradiction avec l’hypothèse de sociétés néolithiques faiblement inégalitaires. Il en va tout autrement aujourd’hui. On considère que ces lames polies hors du commun, à la fois par leur matière première précieuse exotique et leurs dimensions inusuelles, étaient des signes sociaux rares, inspirés de l’outil emblématique du Néolithique pour ouvrir la forêt et manipulés par les élites dans un contexte de fortes inégalités sociales.

D'après site "Néolithique blog" en cliquant sur la photo ci-dessous

documents CNRS, Pierre et Anne-Marie Pétrequin, , 2019

voir liens hypertextes  

 

 

Relief des Dendrophores, découvert à Bordeaux en 1838 (Musée d’Aquitaine). Image source Wikipedia, licence CC sans modification.

Marble statue of Cybèle from Formia in Laziocirca 60 BCE. From the collection of the Ny Carlsberg Glypotek, Item number IN 480. Image source Wikipedia, licence CC sans modification.

 

Les Dendrophores, aux origines des Fendeurs

Un dendrophore, du latin dendrophorus directement issu du mot grec signifiant littéralement « porteur d’arbre », est dans l'Antiquité grecque et romaine une personne travaillant dans le domaine du bois : bûcheron, porteur de grumes, charpentier, menuisier, etc. Plus spécialement, le dendrophore est un officiant dans les cérémonies des cultes de Cybèle et d’Attis, chargé de porter le pin sacré représentant le corps d’Attis après sa mort. Attis, parèdre de Cybèle, qui est à la fois sa mère et son amante, fait l’objet de multiples légendes. Il est représenté sous les traits d’un jeune homme, souvent d’un berger. Cybèle s’éprend violemment de lui, mais il la dédaigne pour une autre. Furieuse, Cybèle le frappe de folie. Il s’enfuit dans la forêt et, saisissant une pierre tranchante, il s’émascule. De son sang coulant sur le sol naît le pin, toujours vert, symbole d’éternité. Calmée, Cybèle lui rend la vie. Dans les cérémonies en son honneur, chaque  mais aussi lors d’autres cérémonies comme les tauroboles, les dendrophores coupent un pin, l’enveloppent de bandelettes et le transportent comme s’il s’agissait d’un corps pour le faire entrer solennellement (cérémonie de l’arbor intrat) dans la ville. Suit une période de tristesse, de jeune et d’abstinence. Les prêtres, ou galles qui sont (du moins théoriquement) eunuques, se tailladent ou s’émasculent : c’est le , les sanguinalia ou « fêtes du sang ». Puis, après une nuit où on s’unit à la déesse comme Attis ressuscité, la joie revient. Les dendrophores intervenaient dans d’autres cultes. Le dieu Sylvain tenant une branche ou un tronc d’arbre, était aussi appelé dendrophoreEn même temps que leur activité religieuse, les dendrophores se constituent en « collèges », sorte d’association professionnelle. L’activité précise des dendrophores est mal connue, mais on peut penser que ce sont leurs compétences techniques qui leur ont valu ce rôle dans les célébrations religieuses. En retour, la religion confère à leur métier, au bas de l’échelle sociale, une certaine aura. Ils jouent aussi, grâce à leurs compétences en matière de construction, le rôle de pompiers pour lutter contre les incendies, en association avec les fabri (ouvriers du bâtiment) et les centonarii (ouvriers du textile). 

Les dendrophores sont mentionnés dans cent quarante inscriptions datées entre 79 et 288 de notre ère.

N.B. On notera que le nom des prêtres de Cybèle était nommé "galles" ? doit-on y voir un lien avec le mot celtique "galles" cf Pays de Galles ? Le rapport à la forêt peut-être une piste: Cybèle, déesse-mère, mère des dieux.

Article au contenu largement puisé dans l'article que WIKIPEDIA a consacré à ce sujet

Un collège, du latin "collegium" = confrérie, groupement. Nous avons là les premières mises en évidence de l'existence de groupements professionnels reconnus pour leurs compétences et pour leur capacité à s'autogérer. Ils étaient autonomes dans la transmission de leurs connaissances et leur contexte religieux en lien au métier. On y voit ici la place de Cybèle (Mère Nature) et Attis (l'arbre, le pin). Ce procédé christianisé se prolongera dans les confréries de métier médiévales puis le Compagnonnage. 

 

 

 Les rites de Fendeurs

Il en existe de nombreuses versions, dans son livre "La franc-maçonnerie du bois", (Editions Véga) Jacques Brengues en dénombre plus d'une vingtaine. Personnellement nous en connaissons quatre que nous avons eu la joie de découvrir et pratiquer. Tout d'abord celui qui figure dans notre rituel des Bons Cousins Charbonniers du Jura de 1835 (page 65) déposé aux archives de Dole, il s'agit de son 3ème degré dit "Grade des Fendeurs".  Ensuite celui qui nous a été transmis au travers du Rite Forestier des Modernes d'après  Régis Blanchet et le Grand Druide Gwenc'hlan Le Scouëzec à connotation druidique. Par ailleurs, parce que c'est un rite de fendeur,  nous pratiquons occasionnellement le rite dit du : "Chevalier Royale Hache ou Prince du Liban" classé au 22ème degré dans les hauts-grades maçonniques du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Enfin dernière découverte nous avons pu recevoir le degré de Fendeur du Rite de Mirecourt  daté de 1760 qui se place comme 4ème degré d'un rite maçonnique. Tous tournent autour des mêmes thématiques:

- la forêt comme paradis perdu sinon lieu de transformation

- l'allégorie des coupeurs de bois dans les forêts du Liban lors de la construction du temple du Roi Salamon à Jérusalem (référence vétéro-testamentaire).

- la légende de Noé, archétype du bâtisseur en bois

Il y a bien sûr de ça et là des spécificités originales mais qui apparaissent plus comme des "pas de côté" marginaux d'un tronc commun. 

Le symbole central en est la hache. Objet fondamental de l'essor de l'humanité, à la fois outil et arme: petite et grande cognée, doloire, herminette, merlin, francisque,  hache de guerre, de licteurs, de sapeur et de bourreau, hachoir de boucher...Le fait est que cette hache mérite bien d'être vénérée, dite Royale Hache et couronnée !

(extrait d'une bûche présentée le 27 août 2023, en PDF dans la partie "archives"  réservée aux Fendeurs)