Les rites forestiers.

L'esprit des forêts - la forêt de Chaux - les vieux métiers

 

photo EdF

 Le Mabinog

C'est par ce mot que les néo-druides désignent leur nouveaux disciples, leurs apprentis. On trouve le mot  "mabinogion", pluriel de mabinogi qui en vieux gallois signifie "enfance". Ce mot est connu comme titre d'un recueil célèbre de documents celtiques: Les Mabinogion ou les Quatre Branches du Mabinogi. Il s'agit d'une compilation de contes, écrits en gallois du XIIe au XVIe siècle et qui font référence à la mythologie celtique de l'Antiquité puis au Cycle Arthurien. Ces contes ressortent donc d'un enseignement  traditionnel destiné à éduquer les jeunes générations. L'enseignant celtique étant le druide dont le symbole est le sanglier, le nom de l'élève, le Mabinog est symbolisé par le marcassin.  Le système d'enseignement druidique consiste en une forme d'école appelée "Clairière" comprenant au moins un druide enseignant et des mabinogs, c'est à dire des élèves encore appelés disciples. Celle-ci peut-être itinérante. L'état de mabinog représente le premier niveau d'attachement à la voie druidique, le premier degré. Le cursus d'apprentissage diffère d'une école druidique à l'autre. Certaines avancent qu'autrefois il fallait 20 ans d'études pour faire un druide. C'est omettre que dans cet apprentissage on peut considérer tout ce que les savoirs profanes de l'école nous ont transmis et que ce savoir universel contribuait aussi à faire du druide un "très savant". Ce qui va caractériser un mabinog c'est sa motivation. Il faut avoir entendu l'appel du monde celtique et y entrer en raisonnance. Comme le dit le vers célèbre "tout bois n'est pas bon à faire un Mercure" et cette voie ne convient pas à tout le monde. Elle parle aux "celtes" de coeur, quelle que soit leur origine. "ça parle en nous" de par notre inconscient. La voie druidique est compliquée, pour ne pas dire brouillée ou brouillonne. Comme partout ailleurs d'aucuns diront posséder la vérité, la bonne origine et ostraciseront les autre voies. Comme l'ont parfaitement démontré les spécialistes Christian Guyonvarc'h et Françoise Leroux, je cite: "Il n'existe pas, pas plus au Pays de Galles et en Bretagne armoricaine, ou a fortiori en  Gaule, d'organisation ou de groupe, ouvert ou fermé, qui dispose d'une filiation traditionelle remontant aux druides de l'Antiquité". Il n'existe donc que des néodruidismes dont le premier semble être le Druid Order de John Toland, proche de la philosophie de Spinoza et de la franc-maçonnerie dite "des Modernes" de 1717 (cf. Régis Blanchet déjà cité). On est loin du chamanisme dans lequel se réfugie bon nombre de courants druidiques contemporains. En revanche, on ne peut écarter les nombreuses survivances de traditions pré-chrétiennes en Europe, dans l'archéologie bien sûr et ses nouvelles découvertes, mais aussi dans les contes et légendes, dans la toponymie de notre paysage, dans notre inconscient collectif. Les religions du livre, sont venues interposer un écran à ce qui était notre temple originel: la nature ! Emprunter la voie druidique c'est oser enlever cet écran et reprendre contact avec notre environnement géographique et spirituel, avec notre tradition occidentale. Nous partons donc à la recherche de ce qui est épars, de nos origines, après avoir subi comme l'Amérique précolombienne, une acculturation. C'est pour ça qu'à la première question posée au candidat mabinog dans son rituel de réception: "qui vient ici ?, la réponse est:  "un celte".