Les rites forestiers.

L'esprit des forêts - la forêt de Chaux - les vieux métiers

 Une chevalerie païenne

La Branche Rouge était chez les Celtes, la voie guerrière, la voie chevaleresque, à côté de la voie sacerdotale des druides et de la voie artisanale des maîtres des métiers. A quoi peut-il servir de faire renaître la Branche Rouge aujourd'hui ? L'actuelle survivance para-maçonnique  nommée "Red Branch of Eri", très présente aux Etats Unis, a pour vocation originelle de proclamer avec nostalgie la gloire de l'ancienne Irlande. Il en est de même de l'Ordre des Clans pour l'Ecosse. Toutefois nous ne sommes pas des Irlandais et même si nous avons des sympathies pour cet autre pays celte, nous ne voyons pas trop l'intérêt de parodier cette noble institution qui convient tout à fait aux Irlandais de souche et de coeur. Nous en retirerons donc principalement l'apport initiatique dans son aspect  transversal, voire universel; le reste n'étant que folklore tout agréable qu'il fut. "L'habit ne fait pas le moine" et il ne suffit pas de se déguiser en druide ou en chevalier pour en recouvrer les vertus. Ce qui caractérise le paganisme c'est qu'il est une religion "du réel", du monde tel qu'il est et non pas tel qu'on nous le raconte. Méditons ce bel aphorisme: "La religion, c'est de croire en l'expérience de quelqu'un d'autre, la spiritualité, c'est de vivre sa propre expérience". Loin de renvoyer le paganisme à de l'animisme, du totémisme, ou du fétichisme, celui-ci  est surtout une spiritualité immédiate, sans intermédiaire, au contact de la nature, de ses lois physiques et biologiques, même si en l'absence de conceptualisation il nomme les forces vitales par des métaphores imaginaires: fées, dragons, animaux, esprits, panthéisme... Le premier travail consiste à se démarquer de l'enculturation de doctrines qui ne sont pas les nôtres. Elles viennent d'Orient, du désert et non de la forêt,  et de plus on introduit entre nous et le monde un "livre", une vision partisane, arbitraire, qui nous soustrait au réel, à ce que nous avons sous les yeux: le monde, la nature, la vie... La première étape consiste donc à retirer le bandeau que nous avons sur les yeux, comme cela est également proposé dans d'autres structures initiatiques. Mais pas pour le remettre immédiatement, ça n'aurait servi à rien, ni à en mettre un autre. La première étape du chevalier, quand il se met en marche, et celle du doute. Parmi tout ce qui m'est proposé est-ce que celà est vrai ? Pouvez-vous être absolument certain que ce soit vrai ? Que se passe-t'il en vous quand vous croyez à cette pensée ? Que seriez-vous sans cette pensée ? Nous sommes tous, nous avons tous été "domestiqués" par des pensées, des croyances qui ne sont que des constructions, des forgeries que l'on plaque sur le monde. Le message est bien  sûr analogue à "l'Allégorie de la Caverne" de Platon. "Tout sujet, (toute personne),  se reconnaît à l'histoire qu'il se raconte à lui-même" constatait également Paul Ricoeur. Le chevalier de la Branche Rouge se doit de déboulonner les idoles comme Don Quichotte pourfendait les moulins à vent (on ne saurait si bien dire) pour revenir au  réel: le monde tel qu'il est, la nature, la vie ... qui sont les vraies valeurs. Le reste n'étant que mensonge. Le combat du chevalier est donc intérieur afin de distinguer ce qui est de ce qui n'est pas. Déjà dans cet article nous mentionons quelques outils utilisés par nos prédécesseurs. Nous y reviendrons en détail dans des articles suivants. Toutefois il apparaît évident que pour devenir un authentique druide du XXIème siècle, si l'on veut autre chose que singer nos ancêtres, il convient d'effectuer ce retour au paganisme. C'était le désir absolu de  John Toland, fondateur du Druid Order et premier Grand Druide, qualifié de "libre-penseur" par l'évêque Berkeley, traducteur de Giordano Bruno et disciple de Spinoza à qui l'on doit le fameux "deus sive natura" "Dieu, c'est la Nature".

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